Un cheval au pâturage peut ingérer jusqu'à 20 kg d'herbe par jour. Cette quantité impressionnante illustre la capacité et l'importance de son système digestif, une machinerie complexe parfaitement adaptée à son régime herbivore. Sa compréhension est fondamentale pour garantir le bien-être de l'animal et optimiser ses performances sportives ou de loisir.
Le système digestif équine est à la fois fascinant et fragile. Des problèmes digestifs, notamment les coliques, représentent une menace importante pour la santé du cheval, pouvant engendrer des complications graves, voire mortelles. Ce guide détaille son anatomie, son fonctionnement et les pratiques essentielles pour maintenir sa bonne santé digestive.
Anatomie et physiologie du système digestif équine
Le système digestif du cheval est un ensemble d'organes travaillant en synergie pour transformer la nourriture en énergie et nutriments. Explorons chaque étape de ce processus complexe et essentiel à la vie du cheval.
Bouche et œsophage
La mastication, assurée par les 36 à 40 dents d'un cheval adulte, est un processus crucial. La salive, en grande quantité (environ 10 à 12 litres par jour), initie la digestion en humidifiant le fourrage et facilitant la déglutition. Des problèmes dentaires, tels que des dents pointues ou des infections, perturbent la mastication, entraînant des conséquences néfastes sur la digestion ultérieure et la santé générale du cheval. L'œsophage, un conduit musculaire, transporte ensuite le bol alimentaire vers l'estomac.
Estomac
L'estomac du cheval, d'une capacité d'environ 10 à 15 litres, est relativement petit par rapport à son intestin. Cette particularité explique la nécessité d'une alimentation fréquente, divisée en plusieurs repas par jour. Le processus de digestion acide qui s'y déroule est vital pour la dégradation des protéines. Toutefois, cette acidité accroît le risque d'ulcères gastriques, une affection fréquente chez les chevaux sujets au stress ou ayant une alimentation inadéquate. Des compléments alimentaires spécifiques, comme des protecteurs gastriques à base de sucres complexes, peuvent être utilisés pour atténuer ce risque.
Intestin grêle
L'intestin grêle, long d'environ 22 à 25 mètres, joue un rôle primordial dans l'absorption des nutriments. Les sucres, les protéines et les lipides sont décomposés et absorbés à travers les parois intestinales, fournissant au cheval l'énergie et les éléments nécessaires à son métabolisme et à ses fonctions vitales. L’efficacité de l’absorption intestinale est directement corrélée à la qualité de la mastication et à l’équilibre de la flore intestinale.
Gros intestin (cæcum, côlon, rectum)
Le gros intestin, et en particulier le cæcum, constitue la partie la plus importante du système digestif équine. Le cæcum, large poche de fermentation, mesure environ 1 mètre de diamètre et 1 à 1,5 mètre de long, et peut contenir jusqu’à 30 litres. C’est ici que s'effectue la fermentation microbienne des fibres, grâce à une flore bactérienne complexe. Ces bactéries décomposent la cellulose, la principale source d'énergie du cheval. Le côlon, lui-même divisé en plusieurs sections (côlon ventral droit, côlon ventral gauche, côlon dorsal gauche, côlon dorsal droit et côlon transverse), assure la digestion et l’absorption de l'eau et des électrolytes. Le rectum, enfin, stocke les déchets avant leur expulsion.
- Le cæcum est une poche de fermentation bactérienne essentielle à la digestion des fibres.
- Le côlon, organe long et complexe, assure l'absorption de l'eau et des électrolytes.
- Le rectum stocke les fèces avant leur élimination.
Spécificités du système digestif équine et conséquences
Le système digestif du cheval possède des caractéristiques uniques qui le distinguent d'autres herbivores et influencent ses besoins en matière d'alimentation et de soins.
Herbivore monogastrique
Contrairement aux ruminants (bovins, ovins, caprins), les chevaux sont des herbivores monogastriques, ne possédant qu'un seul estomac. Cette caractéristique les rend particulièrement sensibles aux changements alimentaires brusques. La majeure partie de la fermentation des fibres se déroule dans le gros intestin, contrairement aux ruminants dont la digestion est en grande partie assurée par leur rumen.
Sensibilité aux changements alimentaires
Des changements rapides d'alimentation, qu'il s'agisse de la composition ou de la quantité de nourriture, peuvent déséquilibrer la flore intestinale et causer des coliques. L'introduction progressive de nouveaux aliments, sur une période de plusieurs jours, est donc indispensable pour minimiser les risques. Une transition progressive du foin d'hiver au pâturage printanier, par exemple, est importante pour éviter les troubles digestifs.
Importance de la mastication et de la digestion des fibres
Une mastication approfondie est essentielle pour une digestion efficace. Elle permet d'augmenter la surface de contact des aliments avec les enzymes digestives, optimisant ainsi l'extraction des nutriments. Une mastication insuffisante conduit à une digestion incomplète et peut favoriser la formation de bouchons dans l'intestin. Un cheval adulte doit mastiquer minutieusement son alimentation.
Rôle de l'eau dans le bon fonctionnement digestif
L'eau joue un rôle vital dans toutes les étapes de la digestion. Une hydratation suffisante, comprise entre 25 et 50 litres par jour selon la taille du cheval et son activité, assure un bon transit intestinal. Une déshydratation peut entraîner une constipation et perturber le fonctionnement du système digestif. L'accès à une eau propre et fraîche en permanence est indispensable pour le cheval.
Soins et prévention des problèmes digestifs
Une gestion rigoureuse de l'alimentation et de l'hygiène est fondamentale pour préserver la santé digestive du cheval.
Alimentation équilibrée et adaptée
L'alimentation du cheval doit être riche en fibres, principalement fournies par un foin de qualité. Les céréales doivent être administrées avec modération, car leur forte teneur en amidon et en sucres rapidement fermentescibles peut déséquilibrer la flore intestinale. Une alimentation équilibrée représente généralement 1,5 à 2 % du poids corporel du cheval en foin de bonne qualité, avec une supplémentation en céréales éventuellement adaptée à son niveau d'activité et à ses besoins énergétiques. Des compléments alimentaires, comme des probiotiques ou des prébiotiques, peuvent être envisagés pour renforcer la flore intestinale et améliorer la digestion. La qualité du fourrage est un facteur essentiel à prendre en compte dans l'alimentation du cheval. Il doit être exempt de moisissures et de corps étrangers.
- Fournir un foin de qualité, riche en fibres, en quantité suffisante.
- Distribuer les céréales avec modération et de manière contrôlée.
- Adapter la ration aux besoins énergétiques et au niveau d’activité physique du cheval.
Gestion de l'hydratation
L'accès permanent à de l'eau fraîche et propre est impératif. Il convient de vérifier régulièrement la disponibilité et la qualité de l'eau, en particulier par temps chaud ou après un effort physique. Une bonne hydratation contribue à un bon transit intestinal et prévient la constipation.
Hygiène du matériel et de l'environnement
Le nettoyage régulier de la mangeoire et de l'abreuvoir est essentiel pour prévenir la contamination des aliments et de l'eau. L'hygiène de l'environnement, notamment le nettoyage régulier des boxes, contribue aussi à préserver la santé du cheval. Une hygiène irréprochable réduit les risques de maladies et de troubles digestifs.
Surveillance des selles
L'observation régulière des selles permet de déceler d'éventuels problèmes digestifs. Des selles dures, sèches, ou au contraire trop molles et liquides, indiquent des anomalies. La présence de sang ou de parasites dans les fèces nécessite une consultation vétérinaire immédiate.
Prévention des coliques
Plusieurs mesures contribuent à la prévention des coliques. Une alimentation progressive, un exercice physique régulier adapté à la condition physique du cheval, une gestion du stress et un contrôle régulier des dents contribuent significativement à réduire les risques. Une attention particulière doit être portée à l'équilibre de la flore intestinale.
Rôle du vétérinaire équine
Devant des symptômes comme l'anorexie, des douleurs abdominales, une diarrhée persistante ou une constipation, une consultation vétérinaire est indispensable. Un diagnostic précis et un traitement adapté sont essentiels pour préserver la santé et le bien-être du cheval.